Droit - pauvreté

Luttes, Solidarités, Travail




Le mouvement Luttes, Solidarités, Travail (LST) existe depuis 1978. LST est né dans un lieu, à Namur, appelé le \"55\", lieu d\’accueil des sans abris, des familles nombreuses, des chômeurs... de toute personne considérée comme marginale... A l\’époque, des patrons d\’une entreprise chimique venaient chercher de la main d\’oeuvre pour sous-traiter divers travaux. C\’est à partir de ces diverses exploitations, qu\’est née la réflexion, dans les \"caves\" de l\’immeuble du numéro 55, sur la place des plus pauvres et sur la nécessité de la construire dans les syndicats qui demeurent les lieux où ils peuvent s\’organiser. A l\’origine, LST était un rassemblement de fait et travaillait beaucoup sur les questions du droit au logement (expulsion, squatt d\’immeubles...) et du minimex (Revenu minimum d\’existence, équivalent belge du RMI en France). Petit à petit, au cours des luttes menées, le besoin de se structurer s\’est fait ressentir. Lorsqu\’il y a eu la volonté de créer une coopérative, il a fallu adopter un statut juridique pour les travailleurs. L\’idée de coopérative était de relever un défi en disant : \"nous sommes des travailleurs\". La Coopérative est en quelque sorte une manière d\’afficher un symbole de lutte contre la pauvreté par le travail. Une asbl (association sans but lucratif) a d\’abord été créée pour poursuivre les réunions des \"caves\", développer les bibliothèques de rue etc.... Un an et demi plus tard, LST prend le statut de société coopérative (répartition des charges) au même titre que n\’importe quelle autre coopérative. La communauté française de Belgique a reconnu \"le journal\" et la \"bibliothèque de rue\". LST redistribue le bénéfice de ces activités à ses diverses cellules réparties dans la région (Dinant, Tubize...). LST a également été reconnue par les autorités locales comme mouvement d\’éducation pemanente. L\’association a pu aussi bénéficier de subventions \"PRIME\" (projets régionaux d\’insertion sur le marché de l\’emploi, programme de promotion de l\’emploi spécialement destiné aux chômeurs de longue durée dans le secteur non marchand). En ce qui concerne le minimex. A l\’occasion de l\’évaluation des 20 ans du minimex, LST a avancé deux constats : 1. Les plus démunis créent du droit à travers leurs luttes ; les garanties se fondant sur les droits des plus faibles. 2. Les plus démunis sont piégés par le droit En soi, il y a 20 ans, cette loi sur le minimex était très contestée car elle entraînait une dislocation de la solidarité en créant une sécurité sociale à 2 vitesses. Mais une fois la loi en vigueur en 1974, LST a utilisé cette loi pour en demander l\’application effective. Jusqu\’à la fin des années 70, LST a alors lutté dans la ville de Namur pour l\’application de cette loi, en diffusant, à l\’entrée des CPAS (Centres d\’aide sociale assermentés pour délivrer le minimex), des tracts qui vulgarisaient la loi sur le minimex en expliquant les droits qui s\’y rapportaient. A partir de cette action, la réflexion de LST sur le rôle des plus pauvres comme créateurs de droit, a mûri. En effet, il s\’avérait que le CPAS ne donnait pas le montant total du minimex dont la différence était versée dans une cagnotte pour leur propre compte ! LST a demandé alors de la clarté et de la transparence. Pendant deux ans, LST a accumulé les preuves de ces opérations et, en 1985, a donné une conférence de presse à ce sujet, pour dénoncer cet abus... ce qui n\’a pas été sans causer quelques frictions. Depuis LST regagne sa crédibilité auprès du CPAS. LST, c\’est une expérience unique en matière de formation des plus pauvres et des travailleurs. Sa force est son autonomie financière. L\’actuelle maison où se retrouve les membres de l\’association a été achetée par les personnes concernées et est devenue une asbl. Le choix de l\’asbl a été lié à la volonté de créer un lieu accessible à tous ceux qui souhaitent adhérer au projet sans rapport de propriété. C\’est une asbl \"TROC\", qui signifie \"Temps pour la recherche d\’outils conviviaux\" : les outils conviviaux s\’entendent comme outils \"maîtrisables\", de résistance à la misère, outils pouvant être utilisés dans des démarches collectives accessibles aux plus pauvres. En outre, l\’association raisonne en termes de développement, à partir de mécanismes identiques à ceux utilisés dans les Suds (défis d\’identité, circuits...) ... L\’expérience de LST est aussi unique en termes de pensée. Le mouvement est porté directement par les gens concernés qui s\’y forment petit à petit ; formation qui leur permette aussi de stucturer leur pensée leur permettant de se faire entendre. L\’idée est de constituer un lieu de formation à l\’action communautaire et collective, un lieu de formation concrète, porté par des luttes. LST pense, par exemple, que l\’économie sociale telle qu\’elle est appréhendée par les pouvoirs publics, opère une brèche dans le droit du tavail dans la mesure où, en voulant gérer la misère, elle en crée. Selon le fondateur de LST, \"Il faudrait en réalité parler de socialisation de l\’économie. Au nom de l\’exclusion, tout est permis, n\’importe quel type d\’exploitation. On démantèle des acquis sociaux, droit du travail, acquis négociés par des conventions collectives. Au nom de l\’exclusion, on a créé des zones de non-droits et on a donné aux magistrats la mission de juger de la pertinence de se référer soit aux conventions collectives, soit aux mesures \"spéciales\" de l\’économie sociale... En réalité, une infime partie de la pauvreté s\’en sort grâce à l\’emploi. La réponse ne se trouve pas spécialement dans l\’emploi lui-même mais dans une remise en question du système économique, de la répartition et de la redistribution des ressources. On réduit actuellement la pauvreté à l\’exclusion et on ne pose pas les vraies questions.\"


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Mots-clés Conditions de travail - Conditions de vie - Coopérative - Droit social - Droit-pauvreté - Emploi - Exclusion - Exclusion sociale - Loi - Mobilisation communautaire - Paupérisation - Réflexion -

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