Le rôle des avocats dans la promotion du droit alternatif et de l’usage alternatif du droit en Amérique latine




Droit alternatif et usage alternatif du droit Le travail juridique des avocats en matière de droits humains est intéressant à étudier car, à la fois théorique et concret, il permet de rationaliser et de mieux comprendre le travail juridique en général dans d’autres domaines, dans d’autres contextes. Ce travail peut être lu en fonction de deux concepts : le droit alternatif et l’usage alternatif du droit. Le terme droit alternatif couvre trois phénomènes 1. Le droit alternatif peut innover dans le droit étatique lorsqu’il concrétise des changements d’un poids relatif dans les contenus juridiques ou leurs usages. Il réforme également des sources non traditionnelles ou formelles, comme, par exemple, le droit émanant de groupes particuliers tels que les femmes. 2. Le droit alternatif construit un projet social distinct du projet social classique. Il peut être subversif au sens où il explore d’autres formes d’organisation étatique, d’autres pouvoirs. Un tel droit ne rentre assurément pas dans la logique et le contexte étatiques en vigueur. 3. Le droit alternatif peut être parallèle au droit étatique, il est produit par d’autres pouvoirs, d’autres logiques, selon d’autres visions, mais sans affronter le droit étatique, comme le droit autochtone. L’usage alternatif du droit, quant à lui, utilise le droit étatique en vigueur, de manière à dépasser le contexte dans lequel il fut adopté afin de se donner les moyens d’atteindre des buts déterminés, comme appuyer le secteur paysan, les ouvriers, les sans-abris... Bien entendu, pour les avocats, cet usage est limité à la réalité du droit étatique, qui peut être plus ou moins ouvert pour la concrétisation de tel ou tel objectif. L’avocat, s’il participe à l’institution, favorise certaines causes dans le cadre du droit établi et du système juridique dominant, mais selon des objectifs parfois différents de ceux de l’Etat, dans la mesure où il faut répondre à deux questions. La première question est de savoir qui sont les bénéficiaires de l’usage alternatif du droit. Celui-ci doit s’inscrire dans un contexte d’émancipation et de résistance, tout en excluant la défense des intérêts de certains groupes dominants, comme les narco-trafiquants boliviens. La seconde question est de déterminer la signification exacte du terme "alternatif". Alternatif doit être pris dans le sens de choisir et non dans celui de se succéder en alternance. Le droit alternatif et l’usage alternatif du droit gèrent l’action politique avec l’élaboration d’une théorie, croisent les réflexions académiques avec l’action sur le terrain. Alternativité et droits humains En matière de droits humains, il faut lier les différentes réalités sociales, économiques, culturelles et politiques en un panorama sur lequel il est possible d’agir efficacement, afin de légitimer ou de refuser certaines pratiques, certaines normes. C’est une gestion qui doit s’accompagner d’une sociologie juridique concrète, d’études sur l’économie réelle, de réflexions qui abordent les transformations politiques, les sciences humaines, l’anthropologie. Le travail de l’avocat, dans ce cadre, va de la documentation sur des cas tels que les violations de droits humains, l’éducation populaire, la diffusion de textes juridiques jusqu’à la mise en place d’un débat entre les professionnels du droit et l’Etat. L’avocat devient un " avocat à usage alternatif ", porteur d’un droit qui se veut véritablement émancipateur.


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Mots-clés Avocat - Droit - Droit alternatif - Droit des personnes - Etat - Ethique - Justice - Usage alternatif du droit -

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