Explosion de solidarités nouvelles en agriculture




L’exclusion est aujourd’hui au centre de nombreux débats. L’agriculture française n’a pas échappé aux "joies du capitalisme" (publicité d’une des premières banques mondiales, première d’Europe, le Crédit Agricole). Le processus de modernisation a secrété et secrète de plus en plus d’exclus. Face à l’incapacité des organisations syndicales et professionnelles d’apporter des réponses satisfaisantes, les agriculteurs en difficulté se sont organisés pour assurer leur propre défense. Combien sontï·“ils, 50 000, 100 000... ? Difficile à évaluer. Ils sont souvent sans protection sociale, sans revenu, poursuivis par les huissiers, déconsidérés. Présentes dans tous les départements des régions de l’Ouest et aussi dans une majorité croissante de départements en France, les Associations de défense deviennent incontournables. Comme autrefois (mutualisme, coopération) des paysans recréent aujourd’hui de nouvelles solidarités pour lutter contre l’exclusion. A travers ce document, les associations de l’Ouest, par une démarche d’autoï·“analyse des acteurs euxï·“mêmes ont voulu montrer pourquoi et comment un mouvement aussi jeune (1985) a acquis l’adhésion d’un nombre important de paysans, regarder concrètement ce qui se fait dans les associations et poser des interrogations quant à ces pratiques et les questions liées à leur avenir. Un peu d’histoire nous montre que les associations de défense ne sont pas nées miraculeusement un beau jour de 1985. C’est ainsi que nous remontons aux années 1970 avec la lutte des éleveurs intégrés (élevages hors sol) et leur comité de défense, le CLEI, appuyés par une organisation syndicale minoritaire mais efficace, les "Paysans Travailleurs", qui vont créer face aux firmes intégratrices un rapport de force. En menant des actions dures (blocages de camions, interventions dans les usines d’aliments, manifestations publiques...), le Comité va provoquer un climat propice à des négociations et à des jugements de tribunaux favorables. A partir de cette lutte collective, l’action juridique prendra toute son importance sur le plan syndical. La loi existe, il faut s’en servir pour créer une jurisprudence favorable. Puis nous suivons, la première grève de la faim (1978) de l’histoire paysanne, face au puissant Crédit Agricole d’un paysan de Loire Atlantique qui débouche sur une victoire. Cette action de Jean Cadiot et du syndicat des "Paysans Travailleurs" a contribué à briser le silence sur la montée de l’endettement en agriculture, à lever l’accusation personnelle dont faisaient l’objet les paysans en difficultés financières et à atténuer leur sentiment de culpabilité. Puis dans les années 1980, l’utilisation exemplaire des outils judiciaires et juridiques avec un autre couple de petits maraîchers, Marie-Jo et Gérard Bodinier, qui amène le Crédit Agricole à négocier et où l’on découvre la solidarité de ceux et de celles qui les soutiennent, paysans ou non, à travers la création d’une Société dénommée "Une famille, un toit". Au-delà des différences de stratégie, selon les départements, une conception commune des militants à la défense et au soutien des agriculteurs en difficulté : volonté de les accompagner dans les choix qu’ils ont fait.


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Mots-clés Action juridique et judiciaire - Agriculteur en difficulté - Agriculture paysane - Association - Comité de défense - Droit - Exclusion sociale - Industrie agro-alimentaire - Justice - Modernisation - Organisation paysanne - Organisation syndicale - Paupérisation - Paysan - Politique agricole - Production de droit -

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