La force et le droit du plus fort




"Le droit du plus fort est souvent le meilleur". C’était le cas au XVIe siècle, quand le droit de conquête s’est imposé ; ça l’est toujours quand le droit d’ingérence justifie une intervention de la part des sociétés occidentales. L’utilisation du droit comme argument judiciaire est devenue particulièrement cruciale lors de la guerre du Golfe. Invoquant la guerre pour le Droit, les occidentaux associaient le droit avec l’horreur. Alors que le droit doit permettre d’assurer la reproduction des rapports en société, il est dans ce cas utilisé pour justifier un certain rapport de force inter-étatique, utilisation qui est indigne du droit. Une situation riche de violence potentielle requiert une codification qui la protège de cette violence. Mais nos gouvernants ont totalement manqué de maîtrise culturelle, oubliant qu’"aucune société ne peut avoir la prétention d’accéder à l’universel". Le devoir d’ingérence est présenté comme un principe supérieur, parent des droits de l’homme, mais il "reproduit l’argument juridique du droit de conquête" et il s’applique au nom du droit du plus fort. Cette façon de toujours vouloir imposer ses savoirs est d’autant plus dangereuse qu’elle risque de susciter des oppositions entre notre civilisation qui s’impose et une autre qui refuserait cette situation. Pour éviter toute forme d’autisme et l’incurable défi à l’exclusivité civilisatrice, il faut maintenant retrouver les chemins du dialogue et d’une vérité de l’homme au-delà de la falsification des discours sur la modernité. Le discours sur le droit d’ingér-ence apparaît en effet à un moment de crise où les mythologies ayant fondé l’intervention de l’Etat, du droit ou du marché ne satisfont plus les populations. L’abandon de la prétention à l’universel et l’instauration d’un dialogue pluriculturel offrent à notre civilisation une porte de sortie mais se heurtent à l’idéalisme de la science du droit.


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Mots-clés Anthropologie juridique - Diversité culturelle - Droit - Droit de conquête - Droit d’ingérence - Guerre - Pluralisme juridique - Recherche - Relations internationales - Universalisme -

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