La formation à la fonction de médiateur : un enjeu dans le contrôle d’une nouvelle profession, la médiation

JP Bonafé-Schmitt




La médiation est à l’heure actuelle un mode de règlement des conflits en pleine expansion, tant et si bien que l’on pourrait parler d’un véritable marché en la matière. Source potentielle de nouvelles activités économiques, elle attire aujourd’hui les professionnels du droit et du social qui cherchent à investir et à professionnaliser ce nouveau champ d’intervention. Jean-Pierre Bonafé-Schmitt souligne dans ce contexte que le débat et les polémiques engagés autour de la question de la formation à la fonction de médiation sont essentiels quant au contrôle de cette nouvelle technique de gestion des conflits. L’enjeu de la formation à la fonction de médiateur La formation joue un rôle primordial car elle apparaît comme un moyen de crédibiliser la médiation face aux professions et techniques traditionnelles liées à la gestion des conflits. De ce fait, alors qu’au milieu des années 80, la durée des formations ne s’élevait qu’à une trentaine d’heures, elle peut atteindre aujourd’hui 1 000 heures et s’insérer dans un véritable cursus universitaire. L’élévation du niveau standard de formation se justifie par le fait que l’acquisition de nouvelles techniques de gestion des conflits nécessite plus de temps car elle implique une formation pluridisciplinaire ouverte sur la psychologie, le droit et la communication. Au-delà, cette évolution vise à faire de la médiation une véritable profession dans la mesure où plus de formation crédibilise et légitime l’émergence d’un nouveau corps de métier auquel professionnels du droit et du social souhaitent maintenant accéder. Par ailleurs, Jean-Pierre Bonafé-Schmitt insiste sur la nécessité de ne pas raisonner uniquement en termes de “ problème à résoudre ” pour déterminer le type de formation à dispenser, mais plutôt en termes de compétence et de “ logiques de médiation ”. Logiques de médiation Raisonner en terme de problème à résoudre revient à imposer une analyse en termes d’objectivité, de catégorisation du problème. Or en matière de contenu de la formation à la médiation, mieux vaut s’attacher à la subjectivité et à l’esprit du conflit à dénouer en réinsérant celui-ci dans son contexte. Pour la médiation de quartier ou la médiation scolaire par exemple, il est préférable d’avoir recours à des bénévoles plutôt qu’à des médiateurs professionnels. Il y a là en effet nécessité de recréer les lieux d’une socialisation, le contexte d’un apprentissage de la vie en commun. La formation de médiateurs doit alors permettre de créer des structures intermédiaires entre les individus et l’Etat. On privilégiera par conséquent une formation courte, plutôt tournée vers la formation en alternance et ponctuée de réunions et d’analyses de pratiques. Pour la médiation en entreprise, l’essentiel étant de trouver une réponse au conflit, il faudra davantage raisonner en terme d’acquisition de techniques de gestion de conflits pour être le plus efficace possible. La prise en considération des impératifs économiques de l’entreprise apparaîtra comme primordiale pour solutionner le conflit et imposera une rapidité, une discrétion et une connaissance précise du monde économique et juridique par le médiateur. Dans cette optique de réflexion, Jean-Pierre Bonafé-Schmitt propose l’instauration d’une formation sur une base progressive et en alternance composée de trois modules : un premier module d’initiation à la médiation, un second de formation générale et un troisième de spécialisation. La participation à des médiations, au côté de médiateurs professionnels, serait organisée dans les deux derniers modules permettant ainsi d’allier à une formation théorique, un entraînement pratique. D’une manière générale, il apparaît que l’ensemble des réflexions actuelles en matière de médiation s’attache à rationaliser le domaine de la formation. Les dérives mercantiles de la professionnalisation imposent en effet la recherche d’une certaine cohérence et d’une certaine éthique de la formation à la fonction de médiateur. Dans le contexte actuel de développement de la professionnalisation de la médiation, ce type de formation permettrait à tout médiateur déjà formé dans un domaine précis de ne reprendre, s’il souhaitait changer de domaine d’activité, qu’un module de spécialisation et ainsi éviter de recommencer un cursus complet.


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Mots-clés Formation juridique - Médiation - Professionnalisation -

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