Quand des habitants se mobilisent pour conserver et faire vivre leur patrimoine

Plataforma por la casa de Pumarejo




1 Le mouvement « Plataforma por la casa de Pumarejo » est nĂ© de la mobilisation de tout un quartier de SĂ©ville autour de la sauvegarde du dernier « palais » du centre historique de la ville. 2 Cette grande bâtisse reprĂ©sentative de l’architecture du 18ème siècle, mieux connue sous le nom de « casa palacio », a subi une dĂ©tĂ©rioration progressive qui n’a fait qu’empirer au cours des annĂ©es, suite au non respect de l’obligation d’entretien de la part de ses propriĂ©taires (personnes privĂ©es). 3 C’est en partie pour rĂ©pondre Ă  la menace d’exclusion des locataires et pour sauvegarder ce dernier monument, centre de vie du quartier, que s’est crĂ©Ă©e, en mai 2000, la « Plataforma por la casa de Pumarejo », composĂ©e de nombreuses associations de voisins, de citoyens, des habitants de la « casa palacio », du quartier, etc. 4 Ce comitĂ© poursuit plusieurs objectifs : la lutte contre les expulsions, la sauvegarde du bâtiment, l’amĂ©lioration de la qualitĂ© de vie du quartier, la reconnaissance publique de la richesse historique, architecturale et sociologique du monument et le refus qu’il soit transformĂ© en hĂ´tel de luxe. Des mobilisations collectives pour faire reconnaĂ®tre le bâtiment comme bien d’intĂ©rĂŞt culturel 5 Diverses stratĂ©gies d’action ont ainsi Ă©tĂ© envisagĂ©es et rĂ©gulièrement mises en oeuvre par le collectif au cours de ses 5 annĂ©es d’existence et de lutte : - organisation de manifestations, de marches ; - courriers et pĂ©titions adressĂ©s aux administrations et aux personnes influentes (dĂ©lĂ©guĂ©s Ă  la culture, Ă  l’urbanisme, aux travaux publics et aux transports…) ; - occupations de locaux administratifs par des membres de la « Plataforma por la casa de Pumarejo » ; - journĂ©es populaires de soutien en proposant dans le quartier des animations diverses (théâtre, musique, lectures, expositions-photo) ; - actions de protestation symboliques : remise d’un sac de charbon au bureau de l’urbanisme par des habitants dĂ©guisĂ©s en rois mages Ă  la pĂ©riode de NoĂ«l ; - rencontres avec des personnalitĂ©s politiques. 6 La plupart des actions menĂ©es ont Ă©tĂ© relayĂ©es par les mĂ©dias. 7 La mobilisation très forte du comitĂ© s’est organisĂ©e autour de l’idĂ©e de conserver les habitations et la spĂ©cificitĂ© du monument, particulièrement son rĂ´le de centre de dynamisme culturel et de cohĂ©sion sociale pour l’ensemble du quartier. Les habitants souhaitaient garder leur patrimoine historique et particulièrement cet Ă©difice fonctionnant selon un mode traditionnel et abritant Ă  la fois des logements, des associations de quartier ainsi que de petits artisans et boutiques. 8 Le collectif a notamment dĂ©noncĂ© une pratique courante qui vise Ă  laisser un immeuble se dĂ©tĂ©riorer afin de pouvoir le dĂ©clarer en ruine et expulser ensuite rapidement ses habitants pour des raisons de sĂ©curitĂ©. Cette technique a entre autres Ă©tĂ© utilisĂ©e dans le centre historique de SĂ©ville et dans la zone environnant la « casa de Pumarejo » oĂą les habitants de nombreux immeubles furent expropriĂ©s. 9 La première Ă©tape importante de la lutte a Ă©tĂ© d’obliger l’administration Ă  donner un statut particulier au monument en le classant comme BIC (Bien d’IntĂ©rĂŞt Culturel) en 2001. Les habitants espĂ©raient, par ce moyen, continuer Ă  vivre dans leurs logements et que soit rendu public le caractère spĂ©cifique, historique et symbolique de la « casa palacio » qui se dĂ©marque de toutes les autres constructions. 10 Cette inscription a permis Ă  la « Plataforma por la casa de Pumarejo » de justifier deux de ses demandes auprès des services administratifs. 11 Tout d’abord, le collectif a allĂ©guĂ© le fait que les organismes publics ne doivent pas se limiter Ă  classer des biens de valeur dans une catĂ©gorie administrative, mais qu’ils doivent aussi mettre en place des politiques actives permettant la protection et la valorisation du patrimoine culturel et social reconnu par la qualification BIC. 12 Ensuite, il a pu demander Ă  l’administration locale d’appliquer une loi de 1991 qui prĂ©voit qu’en cas de vente d’un bien classĂ© patrimoine historique, celle-ci peut exercer un droit de prĂ©emption et acquĂ©rir le bien. Cette rĂ©clamation a Ă©tĂ© faite lors de la mise en vente par la moitiĂ© des propriĂ©taires de la « casa palacio » ; mais ce droit n’a pas Ă©tĂ© utilisĂ© par l’administration voyant d’un bon Ĺ“il le rachat de 50% des parts par une chaĂ®ne d’hĂ´tels de luxe en mars 2002. 13 De mĂŞme, de nombreuses recherches ont Ă©tĂ© effectuĂ©es grâce auxquelles le collectif a dĂ©couvert plusieurs points importants qui l’ont aidĂ© Ă  alimenter sa lutte face Ă  l’inaction de l’administration : - La Mairie a depuis 1981 considĂ©rĂ© que l’immeuble devait ĂŞtre protĂ©gĂ© dans le cadre d’une dĂ©fense du patrimoine concernant l’intĂ©rieur du centre historique. - Le bureau chargĂ© de l’urbanisme prĂ©voit, dans son plan local d’urbanisme d’avril 2000, que la zone dans laquelle se trouve la « casa pumarejo » doit devenir une zone de rĂ©habilitation concertĂ©e et faire l’objet d’une attention particulière. - La situation de dĂ©gradation du bâtiment est connue depuis bien longtemps des services de l’Urbanisme, prĂ©cisĂ©ment depuis 1988, puisque des rapports leur ont Ă©tĂ© transmis par le service des pompiers intervenu plusieurs fois Ă  cause du mauvais Ă©tat de la façade. 14 C’est sur la base de ces Ă©lĂ©ments que la « Plataforma por la casa de Pumarejo » a pu fonder les nombreuses rĂ©clamations adressĂ©es Ă  l’Administration, et mettre en cause rĂ©gulièrement la passivitĂ©, le silence des institutions qui n’ont pas exercĂ© de pressions sur les propriĂ©taires pour les obliger Ă  faire les travaux nĂ©cessaires au maintien en l’état du monument. Le bureau de l’urbanisme n’a pas non plus rĂ©pondu efficacement Ă  cette nĂ©cessitĂ© pour la sauvegarde du monument et la sĂ©curitĂ© de ses habitants, car, mĂŞme si des travaux de rĂ©novation ont Ă©tĂ© entrepris en mai 2000, ils furent suspendus en fĂ©vrier 2001. Les habitants ont donc dĂ» entreprendre eux-mĂŞmes quelques travaux d’urgence. 15 MalgrĂ© cette forte mobilisation, les derniers habitants se sont vus expulser par voie d’huissier, en janvier 2003. M ais la « casa palacio de Pumarejo » hĂ©berge toujours les associations et reste encore le cĹ“ur de la vie de ce quartier. La lutte des habitants se poursuit donc aujourd’hui.


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Mots-clĂ©s DĂ©veloppement urbain - Lien social - Mobilisation populaire - RĂ´le de l’Etat -

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