Rencontre Yaoundé (Janvier 2010)



Du 18 au 22 janvier 2010, s’est tenu à Yaoundé, l’atelier régional Afrique sur l’appropriation des méthodes d’exigibilité aux DESC.


« Les populations ne connaissent pas souvent leurs droits. Les organisations de la société civile (OSC) ont l’obligation de les informer, de les former pour des actions de promotion et de défense de ces droits. Il est donc question, ici, de responsabiliser les OSC dans la promotion et la défense des Droits économiques, sociaux et culturels (DESC). » Propos de Madani Koumare, coordonnateur Afrique du programme DESC lors de la rencontre africaine sur les DESC, qui s’est tenue du 18 au 22 janvier dernier à l’hôtel Tou’ngou à Yaoundé. Juste à côté de lui, les représentants des plates formes DESC venus du Sénégal, Bénin, Togo, Mali et du Cameroun sont présents.

Prenant ainsi la parole, le 1er jour des travaux, Madani Koumare précise l’un des objectifs de la rencontre africaine de Yaoundé, qui selon lui, vise au partage et à l’approfondissement des méthodes apprises au séminaire international de juin dernier à Bangalore (Inde). Juste après, chaque référent fera une restitution des « Actes de Bangalore ». Un accent particulier sera retenu sur les thématiques : l’organisation de la société civile en mouvement élargi, les méthodes de suivi des recommandations du comité DESC, les actions de suivi des pratiques administratives et judiciaires, et la mobilisation pour la ratification du protocole facultatif au PDESC. S’ensuivent des échanges d’expériences par pays appelés, ici, « capitalisation et mutualisation des bonnes pratiques ».

Stratégies

Chaque pays présente, alors ses activités après Bangalore tout en ressortant les méthodes, les stratégies, les outils et les alliances utilisés. Des différents exposés, quelques constats sont faits. Entre autres, « chaque pays dispose d’une plateforme, des avancées remarquables ont été notées au niveau du Mali, Sénégal et du Cameroun par rapport à la mise en Å“uvre des actes de Bangalore. Les outils utilisés sont pratiquement identiques d’un pays à un autre et les méthodes portent sur les informations, la formation, la production de supports et les rencontres formelles et informelles », commente Hippolyte Falade, représentant de la Plate forme DESC Bénin. Le 20 janvier, l’équipe effectue une visite sur le terrain de quelques réalisations des Ong ASSOAL et ALVF. Entre autres, les latrines améliorées à l’école publique de Nkolo, le Centre d’encadrement et d’insertion sociale des jeunes en difficultés de Nkomkana et le Centre vie de femmes de l’ALVF qui accueille les femmes victimes de toutes sortes de violences. Le jour suivant, la principale activité du groupe portera sur l’examen des plans nationaux. Chaque pays donnera les grands axes du plan d’action de sa plate forme.

Site web

Le dernier jour de la formation, les intervenants seront outillés sur l’animation du site Internet du programme international (www.agirpourlesdesc.org), le souci, ici, est de permettre aux plateformes à l’animer eux-mêmes avec les informations ayant trait aux DESC. Lors des perspectives, l’on apprend, séance tenante que le programme international s’est élargi avec l’arrivée de nouvelles associations en Asie : Jeevika, Human Rights Federation of Dalit Liberation-Karnataka (HRFDL-K), IRDS et People’s Education and Economic Development Society (PEEDS) en Inde, Human Development Organisation (HDO) du Sri Lanka et de l’Asian Human Rights Commission basée à Hong Kong.

3ème du genre, la rencontre de renforcement des compétences et savoir-faire des OSC travaillant dans le domaine des DESC, fait suite aux deux premières éditions qui se sont déroulées à Bamako et à Bangalore respectivement en avril 2008 et en juin 2009. Le programme international de formation en méthodologie d’exigibilité des DESC, quant à lui, est un projet triennal initié par Terre des Hommes France et Juristes-Solidarités, en collaboration technique avec leurs associations partenaires dans le monde. D’ici, la prochaine rencontre au Sénégal, les plateformes ont du chemin à faire. Eric. O. LEMBEMBE (ASSOAL) Exercices sur la promotion des DESC en Afrique.

Actualité/Réactions

Suite à la rencontre africaine d’appropriation des méthodes d’exigibilité des DESC du 18 au 22 janvier à Yaoundé, les participants étrangers nous parlent de leur plate forme, des actions sur le terrain, des perspectives de l’année 2010, etc.

« Senbilisations accrues en direction des gouvernements » Emmanuel Gahou, ACFB, Bénin. « La Plate forme DESC du Bénin est membre du réseau Aoudaghost qui a permis le lancement du programme international DESC au profit de l’Afrique. Depuis le début de cette année, nos actions sont axées sur la sensibilisation des OSC et certains départements ministériels sur la question des DESC et le plaidoyer/lobbying envers les décideurs pour la défense et la jouissance des DESC. Pour rendre notre plate forme crédible, nous avons établi des critères de sélection pour l’accès à notre réseau. Ceux-ci portent sur la couverture géographique du Bénin, l’expérience en matière des droits humains et la légitimité de l’organisation. 50 OSC ont été éligibles le 14 janvier dernier en Assemblée générale constitutive. Nos défis pour l’année 2010 portent sur la finalisation des textes fondamentaux de la plate forme, la mise sur pied d’un plan stratégique pour les 3 ans à venir et la signature du Protocole facultatif au PIDESC ».

« Une rencontre très enrichissante » Georges Kwawu Aidam, Cellule Aoudaghost, Togo. « Depuis septembre 2008, date de création de la Plate forme DESC Togo, notre pays s’est engagé dans le processus de protection des DESC. Depuis lors, l’élaboration d’un rapport alternatif sur les DESC suit son cours. Nos principales actions visent le plaidoyer/lobbying pour amener l’Etat togolais à ratifier le Protocole additionnel au PIDESC. Cette rencontre africaine nous a permis de raffermir nos connaissances sur les méthodes susceptibles de mener à bien des campagnes de promotion des DESC en terme d’exigibilité. Les échanges fructueux sur les expériences menées dans les autres pays nous permettent, également, de dégager de perspectives pour la poursuite de notre engagement en faveur des DESC ».

« L’Etat en peut tirer d’énormes avantages » Mohamed El Moctar Mahamar, Plate forme DESC, Mali. « C’est une excellente initiative. Puisque chaque continent a ses spécificités, il était nécessaire que les plates formes africaines se réunissent pour partager leurs connaissances en terme d’acquis, de défis et perspectives. Pour le Mali, au cours de la rencontre, nous avons développé des outils, affiné notre méthodologie, retravaillé notre stratégie et noué de nouvelles alliances. A la phase actuelle, notre plateforme travaille sur la production du rapport alternatif et à la ratification au Protocole facultatif au PIDESC. Malheureusement, ces activités se heurtent aux difficultés de perception des atouts que peut tirer l’Etat de la production du rapport. Or, tout en plaçant les autorités en confiance, le rapport alternatif va servir de boussole à la protection des droits. Et la ratification du Protocole par l’Etat permettra aux populations de jouir de leurs droits fondamentaux ».

« Rendez-vous en juin 2010 à Dakar » Nafy Diagne, Plate forme DESC, Sénégal. « Les échanges sur les démarches, pratiques relatives aux questions de DESC ont été enrichissants. Des enseignements acquis ici à Yaoundé, nous promettons de repréciser beaucoup de choses dans notre stratégie d’intervention au Sénégal. D’ici juin 2010, date de la prochaine rencontre africaine, beaucoup sera fait. Bien que dernière née des plates formes africaines, la Plate forme DESC Cameroun est très dynamique et engagée. Nous souhaitons qu’elle intègre le réseau Aoudaghost, qui travaille sur la promotion des activités socio-économiques des jeunes et femmes et des DESC dans nos Etats. C’est à travers ce réseau que le programme international DESC a démarré ses activités en Afrique. Nous souhaitons élargir le réseau avec chaque cellule nationale au niveau de chaque pays africain ».

Propos recueillis par Eric. O. LEMBEMBE (ASSOAL)


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