SERJUS, Services juridiques et sociaux au Guatémala




La mission de Serjus consiste à appuyer et à contribuer à la construction et au renforcement d’un pouvoir local alternatif. Ceci à travers quatre programmes : l’appui juridique aux organisations rurales de base guatémaltèques, pour leur reconnaissance légale. Depuis 1987 (date de démarrage des activités de Serjus), environ 90 organisations ont obtenu une reconnaissance légale grâce à son appui ; la formation au pouvoir local alternatif et à la participation citoyenne populaire ; la formation de dirigeants d’oganisations rurales (aussi appelée "éducation populaire") ; la formation dans le domaine du "renforcement institutionnel" des organisations de base (organisation, plannification, administration et comptabilité). Les programmes de formation ont débuté en 1996. Auparavant, SERJUS se limitait à accompagner des organisations, sans s’investir dans des actions de formation. Le contexte politique et culturel "Nous venons d’une pratique politique très polarisée ", rapporte Lázaro García, coordinateur de la section juridique de SERJUS. "La guerre de 35 ans a traversé toute la société guatémaltèque. C’est une société avec une pratique politique autoritaire, très militarisée, caudilliste et clientéliste. A un moment de notre histoire, nous pensions que seules les pratiques traditionnelles du droit étaient pertinentes en politique. Mais la gauche avait la même pratique politique. S’est alors créée toute une culture de non-participation, empreinte d’une peur de participer. C’est pourquoi, il y a des gens qui ne savent pas ce que signifie participer à la vie politique. L’activité politique est vue de façon purement négative, comme la délégation à un autre de sa capacité décisionnelle, de sa responsabilité..." Ceci est le contexte dans lequel s’inscrit le récent projet de SERJUS relatif à la participation citoyenne, entendu comme une nouvelle façon de participer à la vie politique et de comprendre la démocratie. La réflexion sur la citoyenneté et la démocratie de SERJUS a débuté pendant la dernière campagne électorale présidentielle, en 1995, qui coïncidait avec les élections municipales. Pendant cette campagne, SERJUS a appuyé des comités civiques (sur la base de listes électorales municipales indépendantes des partis), à Totonicapan notamment. Le travail de formation à la participation citoyenne et de renforcement des organisations de base participe à l’idée que des organisations de base, consolidées, peuvent jouer un rôle de garde-fou dans la supervision des accords de paix, signés en septembre 1996 entre le gouvernement et la guérilla (UNRG). Le pari de SERJUS L’objectif général de SERJUS est d’améliorer les conditions de vie des communautés rurales et de promouvoir leur participation à la construction démocratique, depuis le niveau municipal jusqu’aux autres niveaux de la société et de l’Etat ; ceci de trois manières : - Sur le plan de la formation : former à la réalisation de projets de développement intégré, en réaction aux pratiques antérieures de développement (des années 60-70), plutôt paternalistes où les populations restaient passives dans l’attente de "cadeaux". SERJUS promeut, pour cette formation, une pratique autogestionnaire autour des projets "alternatifs" de développement s’inscrivant dans une approche globale et non sectorielle. - Sur le plan culturel : il s’agit de retrouver les valeurs de la culture maya (sens de la communauté... ), oubliées par la culture occidentalisée et de les valoriser. - Sur le plan politique : afin de reprendre confiance en la participation citoyenne et d’effacer la crainte du politique, le défi est de construire un mouvement alternatif de base, partant de ses propres formes d’organisation administrative ("aldea"- ce qui correspond au canton ...). Les gens eux-mêmes doivent élaborer leur propre plan de développement. Le concept de participation citoyenne signifie que les populations doivent décider par elles-mêmes. Le concept traditionnel de la citoyenneté demeure enfermé dans le juridico-politique : c’est avoir 18 ans, posséder une carte d’identité, avoir certains droits et obligations. Mais le système met davantage l’accent sur les obligations. C’est aussi voter. La démocratie est réduite à des élections tous les 4-5 ans. Pour SERJUS, en revanche, le concept de citoyenneté est celui-là, mais c’est aussi se mobiliser pour que les droits soient garantis. Ce sont les droits à l’éducation (reconnus mais non appliqués). En découle un concept de démocratie davantage participative, pas seulement juridico-politique mais aussi économique et sociale. Car la démocratie, c’est aussi bien la transformation sociale, que celle des structures, que l’amélioration de l’économie. Elle est intimement liée à la question du pouvoir local. SERJUS utilise le terme construction" en se référant à la participation citoyenne populaire : les gens doivent construire la citoyenneté, la démocratie et le pouvoir local. C’est pourquoi SERJUS appuie les groupes de base existants, à la fois autonomes et nés des besoins issus de cette même base. L’école de formation Cette école comprend différents ateliers : leur objectif réside dans la création d’un pouvoir local alternatif, à travers la formation à l’exercice d’une citoyenneté populaire. Les ateliers sont organisés, en milieu rural, avec les communautés paysannes autochtones, sur la base de leur propre pratique. L’école cherche à identifier de nouvelles formes de participation à la vie politique, qui soient concrètes. Une des formes privilégiées est la création ou la consolidation de comités d’éducation citoyenne. Ce sont des groupes, internes ou externes aux organisations de base, favorisant la formation et l’éducation aux droits et aux obligations de citoyen. Dans le cadre de cette activité de recherche sur la participation politique au niveau local, SERJUS est à l’origine d’une proposition de loi, sur la création d’une unité de pouvoir local au niveau de "l’aldea"municipal (actuellement, le conseil municipal est l’entité la plus petite, mais un "municipio" contient de nombreuses "aldeas"), pour une meilleure participation des "aldeas" rurales. A partir de ces ateliers, SERJUS a aussi développé un travail de conseil ("asesorias") pour les organisations de base concernées.


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Mots-clés Citoyenneté - Communauté villageoise - Démocratie - Diversité culturelle - Droit - Droit-citoyenneté - Education - Education civique - Etat - Formation - Indien - Pouvoir - Pouvoir local alternatif - Sensibilisation au droit - Service juridique -

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