Formation de formateurs de services juridiques populaires

Le projet d’Ecole juridique mobile en AmĂ©rique Latine




Un projet de formation au droit Ă  partir d’une Ecole juridique mobile a dĂ©marrĂ© en 1996 dans cinq pays d’AmĂ©rique Latine. D’oĂą venait la nĂ©cessitĂ© de crĂ©er une Ă©cole de ce type ? Le projet, soutenu par Juristes-SolidaritĂ©s, s’inscrit dans un contexte gĂ©nĂ©ral qui, en AmĂ©rique Latine, est hostile au dĂ©veloppement des activitĂ©s des ONG. Les Etats de la rĂ©gion rĂ©cupèrent le discours insurrectionnel de gauche, pour le mettre au service de l’idĂ©ologie rĂ©gnante et fonctionnariser les cadres des ONG et les militants progressistes, en vue de lĂ©gitimer les politiques du système dominant. En outre, au sein mĂŞme des services juridiques populaires existants, de nouvelles thĂ©matiques surgissent Ă  cĂ´tĂ© de vieilles questions qui n’ont pas encore Ă©tĂ© rĂ©solues. Il y a actuellement un Ă©tat de "suspension" dans le dĂ©veloppement des Services juridiques alternatifs, dĂ» Ă  diverses raisons telles que des ajustements internes, ou l’obtention de rĂ©sultats parfois peu satisfaisants. Il manquait surtout un projet Ă©ducatif permettant de donner un suivi aux diffĂ©rentes expĂ©riences et reconnaĂ®ssant le droit comme ressource stratĂ©gique de changement social. Un dernier aspect significatif de la rĂ©alitĂ© actuelle est le manque de participation dans la gestion de la ville et dans la vie politique de la nation. Dès lors, dans le cadre d’une approche alternative du droit, proche du quotidien, l’idĂ©e finale du projet est, par un travail pĂ©dagogique de sensibilisation, de permettre aux populations de passer d’une attitude passive et "lĂ©galiste" Ă  une attitude active et "lĂ©gitimiste", par le dĂ©veloppement massif de processus Ă©ducatifs qui enseignent le système juridique actuel et les alternatives juridiques qui peuvent y ĂŞtre apportĂ©es, en vue, et ceci est important, d’une rĂ©appropriation du droit par les gens concernĂ©s. Les objectifs concrets sont : faciliter le travail de formation juridique et sociale des services juridiques alternatifs, collaborer avec eux et augmenter leur efficacitĂ© par, notamment, la mise en valeur d’une diversitĂ© de dĂ©marches. En ce sens, l’Ecole constitue Ă©galement un outil de structuration d’un rĂ©seau des Services juridiques alternatifs. Ainsi est constituĂ© un lieu de formation et de rĂ©flexion critique du droit positif, Ă  partir de cas concrets et de la mise Ă  la disposition des d’outils pĂ©dagogiques nĂ©cessaires Ă  l’Ă©laboration de solutions juridiques alternatives et Ă  la promotion d’une plus grande coopĂ©ration entre les services juridiques alternatifs de la rĂ©gion. Il s’agit Ă©galement de promouvoir une Ă©valuation des expĂ©riences et de leurs impacts, Ă©valuation rarement rĂ©alisĂ©e. Surtout, le principe central est d’apprendre en agissant, en vue de dĂ©velopper chez les responsables communautaires, une capacitĂ© de proposer des alternatives sociales stratĂ©giquement viables. L’Ecole juridique fonctionne au niveau rĂ©gional sur la base d’une coordination centrale et d’une exĂ©cution locale. Concrètement, la coordination gĂ©nĂ©rale est assurĂ©e par le directeur de QUERCUM (Chili) en concertation avec le conseil supĂ©rieur de l’Ecole, lui-mĂŞme constituĂ© sur la base d’un groupe gĂ©nĂ©rateur. Ce groupe gĂ©nĂ©rateur est composĂ© de cinq personnalitĂ©s, toutes liĂ©es Ă  des activitĂ©s thĂ©matiques, pĂ©dagogiques, de rĂ©flexion et de thĂ©orisation, reprĂ©sentant les principales zones gĂ©ographiques concernĂ©es (Argentine, BrĂ©sil, Chili, Colombie, PĂ©rou). Chacun a une responsabilitĂ© particulière dans sa rĂ©gion. Au niveau local, la coordination est assurĂ©e par diffĂ©rentes Ă©quipes, les noyaux gĂ©nĂ©rateurs, qui s’appuient au maximum sur les ressources humaines disponibles localement, et sur le travail dĂ©jĂ  engagĂ© par les organisations bĂ©nĂ©ficiaires. Diakonia [ONG suĂ©doise] et Juristes-SolidaritĂ©s assurent l’accompagne-ment du processus. La formation au droit promue par l’Ecole juridique mobile est destinĂ©e Ă  trois types de personnes, correspondant Ă  trois niveaux de formation : - aux responsables de communautĂ©s de base, l’objectif Ă©tant de les transformer en acteurs de changement, qui agissent positivement face aux problèmes ou aux conflits juridiques qui affectent leur secteur populaire (niveau 1)¤ ; - aux Ă©tudiants en droit, aux avocats et aux professionnels du droit, de manière Ă  leur offrir un espace oĂą ils acquièrent une formation thĂ©orique et pratique, critique et alternative, du droit (niveau 2) ; - Ă  ceux qui veulent se spĂ©cialiser en thĂ©orie critique du droit et dĂ©velopper leur rĂ©flexion sur le droit alternatif (niveau 3). Le groupe gĂ©nĂ©rateur produit diffĂ©rents modules thĂ©matiques. Chaque membre du groupe gĂ©nĂ©rateur est, dans ce cadre, responsable sur le plan pĂ©dagogique, dans sa zone gĂ©ographique, de la formulation et du dĂ©veloppement d’un module de formation. Les thèmes envisagĂ©s pour la formation sont les suivants : Formations de formateurs (AJUP - Instituto Apoio Juridica Populares, BrĂ©sil), Droits de la femme (Flora Tristan, PĂ©rou), MĂ©diation (Indeso-Mujer - Instituto de Estudios Juridico Sociales de la Mujer, Argentine), Participation populaire (Quercum - Centro de Desarrollo y Estudios Juridicas y Sociales, Chili), Accès Ă  la justice (ILSA - Instituto Latinoamericano de Servicios Legales Alternativos, Colombie).


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Mots-clés Citoyenneté - Démocratie - Droit - Droit-outil pédagogique - Ecole de droit - Education - Education juridique - Formation - Formation juridique - Moniteur juridique - Organisation communautaire - Politique alternative - Projet pilote - Relation droit/développement - Société -

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