Le mouvement para-juridique philippin : une expérience du SALAG




Les "juristes aux pieds nus" sont apparus aux Philippines à la fin des années 60 et peuvent être considérés comme étant les prédécesseurs de ce que sont aujourd’hui les travailleurs para-juridiques. Pendant le régime Marcos, ils avaient pour rôle de "protéger les droits des autres". A présent, leur travail consiste à fournir une assistance aux pauvres. Aux Philippines, plusieurs types de groupes d’aide juridique alternative existent : les écoles de droit ; les organisations de juristes volontaires ; les groupes de juristes professionnels ou les services juridiques. Parmi eux, le SALAG (Assistance Juridique Alternative et Structurelle pour les Groupes de Base) est un des nombreux groupes d’action alternative formés aux Philippines au cours de la dernière décennie. L’approche para-juridique comporte plusieurs aspects, par exemple : la capacité croissante des groupes de terrain vis-à-vis du droit ; la résolution des problèmes au niveau local ; le renforcement des efforts d’organisation (sensibiliser les groupes de terrain sur la nécessité de participer à cette initiative) ; la diminution de la dépendance vis-à-vis des juristes (qui ne devraient plus intervenir que pour les opérations impliquant des connaissances juridiques solides) représentent différentes situations vécues par les communautés de base. D’un autre côté SALAG insiste sur le fait que la formation de parajuristes se fait davantage dans la pratique qu’au cours des sessions de formation. Cela apparaît dans plusieurs cas comme par exemple avec l’expérience de "Kasama", une organisation d’ouvriers du sucre qui possède actuellement un comité d’assistance juridique chargé de prêter secours et aide à ses membres face aux propriétaires terriens, en utilisant des méthodes comme la médiation pour résoudre les problèmes naissants entre ces deux groupes ; et dispose aujourd’hui d’une autonomie suffisante pour adresser des pétitions et des plaintes à des institutions judiciaires. D’autres expériences ont été recensées dans le domaine para-juridique, comme celle de COPE, un organisme de développement social engagé dans l’organisation de communautés urbaines regroupant les personnes défavorisées et qui a obtenu des actions concrètes du gouvernement dans différents domaines. Malgré ces progrès encourageants, la formation de parajuristes au sein des groupes de terrain n’est pas une tâche facile car des problèmes tels que le choix des personnes appropriées pour exercer le rôle de PARA-JURISTE, le manque de soutien logistique ou la nécessité de présenter le droit de la manière la plus simple possible, peuvent s’immiscer dans le travail des formateurs. Cependant, les expériences des parajuristes ont permis de constater que la formation au droit est utile car il facilite l’exercice, la protection et la promotion des droits ; que les groupes défavorisés peuvent protéger leurs intérêts en sachant utiliser le droit ; que l’approche para-juridique est un instrument pour les changements sociaux en permettant aux populations de résoudre elles-mêmes leurs problèmes. Dans un tel contexte, SALAG espère que le mouvement para-juridique permettra de promouvoir la justice à travers le droit.


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Mots-clés Changement social - Communauté - Droit - Formation - Formation de parajuristes - Médiation juridique - Mobilisation communautaire - Population défavorisée - Service juridique -

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