Narmada Bachao Andolan, un mouvement pour sauver le fleuve Narmada




" Les populations ont-elles le droit de dĂ©fendre leurs droits ? " A elle seule, cette question rĂ©sume le fondement de l’orientation des activitĂ©s menĂ©es par le mouvement Narmada Bachao Andolan (NBA). Dans l’Etat du Gujarat, ce mouvement est nĂ© de la lutte des populations riveraines du fleuve Narmada. Depuis 1985, ces dernières s’opposent au projet, financĂ© par la Banque Mondiale, de construction de trente grands barrages dans l’immense vallĂ©e de ce fleuve et ce, en raison de ses implications sociales et environnementales. La construction de ces barrages, avec la fermeture consĂ©cutive des Ă©cluses, provoquerait une montĂ©e des eaux submergeant la rĂ©gion toute entière et obligeant ainsi des milliers de familles indigènes Ă  quitter leur espace de vie sans ĂŞtre ni relogĂ©es, ni dĂ©dommagĂ©es par l’Etat ; le projet n’Ă©tant assorti d’aucun programme de relogement. Le NBA s’est alors progressivement construit. Il est devenu une organisation de masse, appuyĂ©e par une campagne internationale suffisamment solide pour pouvoir engager en collaboration avec cinq autres rĂ©seaux en Inde, des actions judiciaires en cas d’expropriations forcĂ©es, en particulier, lorsque celles-ci touchent les riverains du fleuve Narmada. Les stratĂ©gies dĂ©veloppĂ©es par le mouvement dans le cadre de cette lutte consistent Ă  : - identifier, dans le système normatif et judiciaire existant, les dispositions lĂ©gales et les prĂ©cĂ©dents favorables aux populations affectĂ©es par un dĂ©placement forcĂ©. Par exemple, Ă  une injonction de quitter les lieux dans un dĂ©lai de six mois, et qui n’est assortie d’aucun dĂ©dom-magement, peut ĂŞtre opposĂ© un jugement de la Haute Cour du Gujarat qui Ă©tablit que toute personne doit ĂŞtre dĂ©placĂ©e et rĂ©installĂ©e au moins un an avant les inondations ; - faire appliquer les règlementations de la Banque Mondiale qui donnent Ă  toute personne enjointe de quitter la vallĂ©e en raison de la construction des barrages le droit de formuler des objections Ă  la rĂ©ception de telles injonctions ; - obtenir des tribunaux locaux qu’ils interprètent les lois de manière progressiste en accord avec les droits fondamentaux de la personne ; - faire pression auprès des agents du gouvernement en mobilisant des mouvements de masse ; - utiliser des mĂ©thodes non-violentes de protestation comme le "satyagraha". Il s’agit d’un moyen de rĂ©sistance et de pression pacifiste en faveur de la justice ; par exemple, plutĂ´t que de partir, rester dans la maison et attendre la montĂ©e des eaux sans redouter la noyade. Au dĂ©but de l’annĂ©e 1993, NBA a organisĂ© Ă©galement le "Lok Nivada" (littĂ©ralement, la "dĂ©cision du peuple"). Il s’agit d’une concertation de très grande envergure de l’ensemble des populations habitant dans les rĂ©gions directement menacĂ©es par les inondations. Cette dĂ©marche a permis ainsi d’associer l’ensemble des riverains Ă  l’Ă©tude d’impact du projet. Le rĂ©sultat de cette concer-tation qui a durĂ© deux mois est rĂ©vĂ©lateur : 75% des familles concertĂ©es annonçaient leur dĂ©cision de ne pas bouger.


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Mots-clĂ©s Action juridique et judiciaire - CommunautĂ© villageoise - Droits de l’homme - Expropriation - Habitat - Lutte pour la terre - RĂ©sistance civique -

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